Ne dites pas...mais dites... Fleurir son language
Rencontre avec Nicolas Bernard
Tout le monde utilise le français, parfois de manière un peu stéréotypée. On reproduit des phrases standards par habitude, sans penser à une alternative qui donnerait du relief, du sel à ses propos.
Rappeler ces alternatives, telle est l’ambition de « Ne dites pas mais dites ». Ni anthologie d’expressions ni dictionnaire de synonymes, ce recueil imagine et recense ces formules de langue française joliment troussées.
Entretien avec Nicolas Bernard, professeur à l’Université Saint-Louis-Bruxelles et auteur de cette « Petite fugue ».
Cet ouvrage recense des expressions auxquelles nous pensons trop peu. Comment vous est venu l’idée d’un tel concept ?
Je tombe souvent en arrêt devant des tournures de phrase que j’estime jolies, bien troussées… et qui éclairent ma journée ! J’ai eu envie dès lors de les partager avec autrui, car la langue appartient à tous. Le but est de faire circuler et de diffuser ce magnifique patrimoine commun qu’est le français, dont les plus belles perles se nichent parfois dans des phrases du quotidien.
Pouvez-vous nous expliquer comment s’est déroulée la rédaction de ce recueil ? Comment avez-vous recueilli toutes ces expressions ?
Je les découvre au fil de mes lectures et, lorsqu’elles sont propres à un auteur, j’en indique soigneusement le nom. Parfois aussi, je les conçois moi-même.
À des fins pratiques, j’ai imaginé, au regard de ces phrases relevées, des phrases plus ternes (à mon estime) auxquelles les premières pourraient avantageusement se substituer. L’ouvrage se veut donc pratique et didactique, à la manière d’un dictionnaire.
Certaines expressions prêtent parfois à sourire. Quelle est votre préférée et pour quelle raison ?
J’avoue un faible particulier pour « L’étroitesse de sa défaite la désespère » (à la place de « Elle a perdu de peu, ce qui la fait enrager ») et « Il est dévoré par le remords » (pour « Il regrette beaucoup ») ; la première phrase parce que l’adjectif « étroit » illustre de manière lumineuse la faiblesse de l’écart entre les protagonistes et la seconde, parce que l’expression donne judicieusement à voir l’emprise quasi physique du chagrin.
En tant que Professeur en droit, pensez-vous utiliser particulièrement un langage fleuri ?
La langue du droit, où la rigueur le dispute à la technicité, se prête malheureusement peu à cette entreprise d’embellissement du discours. Plus généralement, cet ouvrage n’a, en dépit de son titre, aucune ambition prescriptive ou normative, en ce sens qu’il ne cherche nullement à s’ériger en arbitre du bien parler. Sa seule ambition est d’ordre esthétique : faire prendre conscience au lecteur que la vie est (un peu plus) plus belle dans un environnement langagier de qualité. C’est peu et beaucoup à la fois.
Quel conseil donneriez-vous au lecteur qui souhaite élargir sa palette d’expressions ?
Au-delà de ce livre, le lecteur doit cultiver une capacité à s’émerveiller devant des phrases-pépites. Sans nécessairement les traquer, il doit y être attentif quand elles se présentent à lui, les recueillir précieusement et les savourer, lentement. C’est par le jeu qu’on apprend le mieux. Et le reste viendra de soi-même !
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